Pourquoi est-ce que la lingerie est une affaire d'hommes hétéros ?

Je ne vous apprends rien si je vous dis que la cible marketing des vendeurs de lingerie se trouve être les femmes, et que les destinataires indirects des dits sous-vêtements se révèlent être des hommes. Les femmes semblent en fait peu réceptives au fait de voir de la lingerie portée par leur partenaire. Chez les hommes homosexuels, la lingerie n’est pratiquement pas un sujet tandis que chez les couples lesbiens, ce genre de tenue affriolante n’est pas aussi appréciée que chez les couples hétérosexuels. Je parle bien sûr d’un point de vue statistique et général, je suis sûr que vous connaissez une femme lesbienne adorant voir sa compagne en lingerie fine, mais le propos n’est pas là.

Mais alors, pourquoi est-ce que la lingerie a tendance à titiller davantage la sensibilité des hommes hétérosexuels ?

 

Je me permets de proposer quelques hypothèses personnelles :

 

En sexologie, les hommes sont communément présentés comme étant des créatures visuelles. Par ce terme, on veut dire que les hommes ont une tendance à baser leur sexualité sur des stimuli directs, et quoi de plus direct pour un être humain que la vision ? L’homme, au lit, apprécie particulièrement la vue de sa partenaire, la vue de ses attributs, de ses formes, de sa chevelure, de son visage. Nous comprenons alors rapidement que la lingerie, invitant les yeux du voyeur à suivre, pas à pas, centimètre par centimètre, les courbes de son amante, déclenche chez lui un intérêt tout particulier. Les ramages des textiles, savamment dessinés, sont créés dans le but de guider le regard vers des zones naturellement sensuelles mais aussi vers des endroits auxquels l’on accorde moins d’importance habituellement. La lingerie permet ainsi de découvrir avec un attrait nouveau le creux des reins, les chevilles, la cambrure du dos, le haut des hanches, le drapé des épaules, le cou, le ventre, mais aussi les seins, les fesses, les cuisses. La liste n’en finit plus, je m’arrête là. Les femmes, elles, démontrent une tendance à préférer tout ce qui est contextuel, ou indirect. Elles sont plus réceptives aux bruits, aux odeurs, à l’intimité, au moment présent, à la personne qui partage leur lit. Ici aussi, il est aisé d’imaginer pourquoi elles ne pas les plus grandes amatrices de lingerie. Notons tout de même une forte propension des femmes à aimer les sous-vêtements raffinés, non pas chez les autres, mais sur elles. Le désir que suscite chez leur amant ce corps magnifié s’inscrit tout à fait dans cette recherche de stimulation psychologique, indirecte. Mais il s’agit d’un autre sujet, ma foi tout aussi intéressant.

Je vous propose une seconde hypothèse, cette fois biologique et évolutive. Dans l’histoire des espèces, c’est la femelle qui dicte sa loi sur le marché sexuelle. C’est la femelle qui décide de ses partenaires, c’est pourquoi bien souvent les mâles doivent se battre entre eux ou prouver leur valeur auprès des femelles. Ceci pour deux raisons : la nature a crée les mâles disponibles sexuellement à tout moment, tandis que la femelle connaît des cycles menstruels ainsi que la grossesse. La femelle n’a pas le droit à l’erreur, lorsqu’elle choisit un mâle pour un accouplement il faut qu’elle soit sûre de son choix, car derrière il y a des conséquences. Le mâle a moins de contraintes, il peut s’accoupler avec qui il veut sans grande répercussion. La femme n’étant pas réceptive à tout moment ni avec n’importe qui, j’émets l’hypothèse que la lingerie joue un rôle informatif dans le cerveau reptilien des hommes.  Elle jouerait le rôle de messager, en mettant en valeur le corps, en exacerbant la sensualité féminine, elle permettrait aux hommes de deviner que la femme est disponible, maintenant et tout de suite, pour un rapport sexuel. Bien évidemment, inconsciemment et presque au niveau du réflexe, cela stimulerait sexuellement les hommes y voyant une invitation au plaisir charnel.

Femelle Macaca Nigra arborant des fesses gonflées et rougeâtres, phénomène appelé "l'oestrus". La femme n'ayant pas cette propriété, la lingerie aurait une fonction d'indication de disponibilité sexuelle ?

Enfin, je me permets d’être franc avec vous. La lingerie masculine n’existe quasiment pas dans nos boutiques ou alors est extrêmement laide. Cela n’aide pas à en démocratiser son usage auprès de la population masculine ou à stimuler les fantasmes féminins. Il y a un véritable effort à faire du côté des dessinateurs de sous-vêtements s’ils veulent élargir leurs parts de marché. La lingerie masculine, en 2022, est au pire ridicule et au mieux inexistante.

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Un des premiers résultats lorsque l'on recherche "lingerie pour homme". Une collection lancée par Rihanna. Admirez.

Parce que je sais que certains y auront pensé, je me permets d’ajouter une chose. Je ne pense pas qu’il faille accuser la société « patriarcale » ou « viriliste » d’avoir fait de la lingerie un apparat féminin, car lorsqu’est née la lingerie moderne, cela ne dérangeait personne de voir les plus puissants monsieurs en culotte courte, en bas de soie ou même perruqués. Il y a bien d’autres raisons à prendre en compte pour expliquer ce phénomène avant d’en arriver au méchant patriarcat, j’en suis convaincu.

Portrait de Louis XIV portant perruque, bas et chaussures à talons

Je m’arrête ici ! J’espère que ça vous a plus et que ce sujet vous aura inspiré. N’hésite pas à me faire part de tes ressentis, c’est avec plaisir que nous échangerons !


Merci de m'avoir lu, belle journée à toi.

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